Art numérique, algorithme, sculpture générative & temporalité.

Epitaphe

Stèle funéraire à partir de récits oraux.

Lorsque vient la question de s’intéresser à “ce qui reste” d’un·e défunt·e, certain·e·s pensent à la tombe, certains pensent aux cendres, aux os. D’autres penseront aux divers biens matériels ayant appartenu à la personne. D’autres encore répondront qu’assurément il leur reste des souvenirs, des récits qui construisent la légende d’un être qui a vécu. Par les mots, les vivants permettent aux morts de continuer d’exister. C’est ce qu’appuie Vinciane Despret dans son enquête “Au bonheur des morts” : il faut considérer le mort comme engagé dans des processus de transformation conjointe avec le vivant.

Nous utilisons les données pour qu’elles s’incarnent dans la matière, les datas comme un moyen de former, d’informer des objets. Notre démarche est ici une quête de témoignages, de données sensibles, mots, émotions, souvenirs. Comment ces données immatérielles peuvent-elles prendre corps dans la matière et former un objet de commémoration ?


Archéologie du projet

Le programme de recherche OCC : point de départ

La démarche prend pour point de départ le projet DATA_vessel, hyper-objet funéraire, initié par Olivier Bouton et Caroline Zahnd et déposé au commun du programme de recherche Objects, Crafts and Computation.

À son origine, DATA_vessel est un monument funéraire prospectif dont la forme unique est déterminée par des données propres au défunt. Il est composé de trois éléments : un oya imprimé en céramique microporeuse, une urne cinéraire imprimée dans un matériau biosourcé et biodégradable ainsi qu’une pierre tombale formée par fraisage numérique. C’est un objet transformatif qui agit à la fois sur le milieu social qui en a l’usage en déterminant de nouvelles formes rituelles mais aussi sur le milieu environnemental avec lequel il est en interaction.

Les récits des proches d’un défunt

A l’occasion du workshop organisé par notre laboratoire de recherche en 2021, nous découvrons la lecture de Vinciane Despret Au bonheur des morts. Le Collectif Kaïros s’empare alors de la question des témoignages oraux des proches d’un défunt, en compagnie d’Emmanuel Hugnot et Salma Essid.

Première version, installation sonore

A l’issue de ce workshop, le Collectif Kaïros, Salma Essid et Emmanuel Hugnot avons dessiné une version d’une stèle générée par le son.

A l’occasion d’une exposition au théâtre d’Orléans, nous présentons des prototypes sous la forme d’une installation sonore, où des témoignages peuvent être écoutés. Lorsque l’on s’approche de la stèle, la présence de l’auditeur est détectée et l’on peut écouter les témoignages qui ont servi à modéliser l’objet.

2023, un paysage sonore

Deux ans après, le Collectif Kaïros décide de reprendre les recherches de ce projet et en change le design. Nous mettons alors au point différents algorithmes permettant de traduire le son en forme.

Prototypes de stèles générées par du son, 2023.
Une stèle pour Didier, recueillir des témoignages

En 2023, Marie-Ange Cotteret contacte le collectif pour réaliser une stèle funéraire pour son conjoint décédé Didier Lebrun.

Après avoir mis au point le rituel autour du recueil de témoignages, nous avons passé une semaine dans son village (Vaour, Occitanie) en février 2024, pour rencontrer et interviewer les proches et amis de Didier.

Design sélectionné.
2024, la stèle en cours de fabrication

La stèle à partir des anecdotes des proches de Didier est actuellement en cours de fabrication


Crédits

Artistes : Amélie Samson, Eva Vedel, Salma Essid, Emmanuel Hugnot

Programme de recherche « Object, Craft and computation », ESAD Orléans

Olivier Bouton, Caroline Zahnd, Sylvia Frediksson, Agathe Baudin, Antoine Blouin, Fabien Cadène, Margot Dreux, Salma Essid, Léa Fernandes, Emmanuel Hugnot, Luiz Gustavo Machado de Carvalho, Thérèse Nalin, Maëlle Pires, Amélie Samson, Manon Souchet, Eva Vedel.

Période : 2023 – aujourd’hui

Partenaire : Ministère de la culture (bourse)

A propos du collectif

Tout l’enjeu du collectif Kaïros est de travailler autour des paradoxes que provoque la conception numérique. Nous sommes loin d’accepter sans broncher l’univers des technologies numériques et virtuelles, nous cherchons plutôt à les mettre en critique et les exploiter pour créer de nouveaux protocoles de création. Notre approche est à la fois technophile et technophobe. Nous cherchons en permanence cette tension entre intentionnalité et générativité, entre la recherche théorique et l’action.